« Le mandat exclusif, c'est une formule 1 »
J.-F Linas, négociateur dans le Morbihan
Négociateur à l'étude de Me Florent Michaut et Valérie Michaut-Lesurtel (Grand-Champ, Morbihan), Jean-François Linas utilise à 99 % le mandat exclusif. Explication.
Qu'est-ce qui vous plaît dans le mandat exclusif ?
Tout ! Je partage à ce titre la position des anglo-saxons qui ne travaillent qu'avec le mandat exclusif. Notre métier de négociateur nécessite beaucoup d'implication. La constitution d'un dossier de mise en vente en amont demande de plus en plus de temps et beaucoup d'énergie : estimation, compte rendu d'estimation avec les clients vendeur à l'étude, constitution du dossier technique/diagnostics, contrôle assainissement avec souvent la réalisation d'une étude de sol, d'un avis sur conception et d'un devis informatif pour l'acquéreur, préparation du mandat de vente, découverte acquéreur et validation toujours préalable de son financement avant visite, visites… La partie « négociation pure » ne représentant que 5 % de notre temps de travail. Cela a également un coût pour l'étude qui met en place une communication spécifique et conséquente (sites internet, annonces dans les journaux, etc.). Le mandat exclusif est en quelque sorte un retour sur investissement. C'est aussi un contrat de confiance que nous établissons avec le client-vendeur.
Le mandat exclusif a pourtant mauvaise réputation dans le notariat. Que dites-vous à ses détracteurs ?
Que prendre un mandat exclusif est plus confortable, tant pour le négociateur que pour le client-vendeur. Il permet généralement de vendre plus vite. Chez nous, 30 % des biens qui font l'objet d'un mandat exclusif se vendent dans entre 1 et 2 mois. Le délai maximum est de 6 mois mais avec parfois (rarement heureusement) des exceptions à 10/12 mois suivant les circonstances économiques et sociales.
Quelles précautions prendre avec un mandat exclusif ?
Le mandat exclusif, c'est une formule 1, mais s'il n'y a pas le bon pilote au volant, elle peut vous conduire droit dans le mur ! Pour éviter l'accident et des délais trop longs, il convient de définir un juste prix, d'avoir confiance en soi et d'être motivé ! Le contraire revient à manquer de respect au client-vendeur. Dans ce contexte, mieux vaut refuser un mandat exclusif si l'on n'est pas sûr de pouvoir le vendre. Je déconseille également d'avoir un trop gros portefeuille de biens. Si l'on veut se décarcasser pour vendre le bien, ne pas se contenter d'ouvrir et fermer des portes, mais bien faire le métier, il me semble important de ne pas dépasser la barre fatidique des 50 biens. Enfin, rien ne sert de pratiquer le mandat exclusif si le notaire employeur n'est pas convaincu du bien fondé de cet outil. Il en est le meilleur porte-parole. Il apporte sa garantie, et son sérieux.
Le mandat exclusif s'applique-t-il à tous les biens ?
Tous les biens devraient faire l'objet d'un mandat exclusif. Ce type de mandat convient parfaitement au notariat car il repose sur la notion de confiance. Or celle-ci est déjà acquise par les clients de l'étude. S'en priver est vraiment dommage. Attention : Le mandat exclusif nécessite un travail de suivi et d'investissement autant financier pour l'étude que de temps pour le service négociation, travail plus important que le mandat simple et il ne doit pas être pratiqué s'il n'a pas été préalablement bien planifié et validé par l'ensemble de l'étude et des notaires.