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Logement :
le « choc » improbable

Logement : le  choc  improbable

Le gouvernement vient de rendre public son plan d'action du gouvernement. Pour résoudre la crise du logement, il propose de créer un « choc de l'offre ». Sans doute aurait-il été préférable de s'inspirer des modèles suisses et allemands, dans lesquels la location domine la propriété…
 

4 millions de mal-logés

L'axe principal des nouvelles mesures prônées par le premier ministre est de créer un « choc de l'offre » dans les secteurs tendus, afin d'alléger la pression sur les prix, tant à l'achat qu'à la location. Cette stratégie, déjà utilisée par les précédents gouvernements, a toujours échoué pour résoudre les crises. Depuis 2000, 400.000 logements sont construits chaque année. S'ils étaient correctement répartis, ils devraient permettre d'éviter des crises à répétition. Suivant la Fondation Abbé-Pierre, on compte près de quatre millions de personnes mal logées. Parmi elles, 900 000 ne disposent pas d'un logement personnel (elles vivent à l'hôtel, sont hébergées chez quelqu'un…) et près de 150 000 sont sans abri. Il est peu probable, qu'en augmentant encore cette production, on obtienne le choc espéré, d'autant qu'une partie seulement sera affectée au secteur social (qui en a le plus besoin).

L'offre et la demande

Entre la demande et l'offre de logements, il y a un déséquilibre permanent qui provient de l'élasticité, c'est-à-dire des possibilités d'entassement, que réserve chaque local. Exemples : en 1962, à la fin de la guerre d'Algérie, 800 000 pieds noirs vinrent s'installer en France. Or, bizarrement, il n'y eut pas de crise. Il en va de même de l'Allemagne qui vient d'accueillir un million de réfugiés sans que cela ne trouble le marché du logement. Pour des motifs purement électoraux, on a voulu que tous les Français puissent accéder à un logement. Certes, c'est le rêve de chacun de passer le reste de sa vie dans une construction lui appartenant. Mais encore faut-il que cet édifice puisse profiter de commerces de proximité ! Et si c'est un appartement, il faut qu'il soit entretenu correctement par la copropriété. C'est hélas rarement le cas des habitations occupées par des personnes ayant de faibles revenus et dont l'acquisition en neuf s'est faite souvent dans de lointaines banlieues, mal desservies par les transports en commun…

Développer l'esprit de location

Nos voisins allemands et suisses n'ont pas ce type de crise. La répartition entre propriétaire-locataire y est proche de 40/60. C'est exactement l'inverse de celle relevée en France où la propriété domine largement le marché. Parallèlement, c'est en se dessaisissant de leur parc locatif que bien des pays anglo-saxons ont connu leur première crise. Aussi, plutôt que favoriser les aides à la construction (ce qui gonfle les prix du foncier, crée des effets de rente et d'aubaine et en définitive d'augmente les prix), il semblerait plus judicieux de développer l'esprit de location. Les banques et les promoteurs y perdraient une manne providentielle, mais les particuliers y trouveraient plus aisément à se loger correctement. Il faudrait donc que la construction neuve soit majoritairement orientée vers le secteur public et semi-public alors que les organismes HLM ne construisent actuellement que 100 000 logements par an. Cela suppose aussi qu'on incite les propriétaires à mettre leurs biens en location plutôt que de les en dissuader. L'instauration de la Garantie universelle pour les loyers impayés, prévue par la loi Alur lors du précédent quinquennat et finalement abandonnée, serait une sage décision. On peut y ajouter une réglementation allégée de la location et une fiscalité plus favorable aux revenus locatifs pour attirer les investisseurs.
  • En Allemagne, 57% des ménages sont locataires de leur logement, 58,8% en Suisse mais seulement 39,7% en France.

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